Un crocodile fossile au Musée...
À Dommartin-les-Toul, il y a 180 millions d'années (ère du Secondaire, période du Jurassique, époque de Dogger, étage du Bathonien supérieur), vivait un reptile proche du gavial actuel mais à nageoires. De la famille des Teleosauridae, son nom scientifique est Steneosaurus megistorhynchus.
L'histoire de notre spécimen remonte au temps où une mer chaude immergeait ce qui, plus tard, devait devenir le Bassin Parisien, et dont les rivages orientaux se situaient aux abords des Vosges. D'autres exemplaires de Téléosaures ont été trouvés par les paléontologues dans les carrières des environs de Caen, en Normandie, dans des strates géologiques de surface, équivalentes au sol du Toulois et correspondant aux rivages occidentaux de la mer. Ces fossiles font désormais l'objet d'une présentation permanente au Muséum National d'Histoire Naturelle à Paris.
C'est en mars 1976, à l'occasion du chantier de l'autoroute qui contourne Toul, qu'un officier de l'Armée de l'air, le capitaine Marsil, a localisé avec précision la position de l'animal. Il avait en effet découvert, sur la rive droite de la Moselle, au-dessus de la prairie de Dommartin, à proximité de l'Hôpital Jeanne-d'Arc, une dent. Présentant le fossile comme une griffe au Docteur Michel Hachet, conservateur du Musée de Toul, et se renseignant auprès du professeur Hilly de l'École de Géologie de Nancy, il s'est avéré qu'il s'agissait d'une dent de crocodile. L'équipe de la section archéologique du Cercle d'Études Locales du Toulois, sous la direction d'Abel Liéger, s'est chargée de dégager le Téléosaure de sa gangue d'argile, une marne gris-foncé, dure et compacte. Après son transfert au Musée de Toul, au laboratoire, Louis Marguet a achevé l'extraction de multiples éléments du squelette.
Le crâne, présenté temporairement mais pour la première fois, pour l'édition 2006 de la Nuit des Musées, est l'un de ces éléments. Long de 1 mètre, il laisse envisager la taille saisissante du Téléosaure entier (5 à 6 mètres). Ses maxillaires sont armées de dents très aiguisées à l'intérieur comme à l'extérieur de la gueule. La tête du crocodile devait s'agiter avec énergie lorsqu'il arrivait dans les bans de poissons, assommant et arrachant alors ses proies avant de les absorber par petits morceaux. Il est aussi possible d'assimiler sa manière de chasser à celle du poisson-scie actuel qui drague les fonds de vase pour y débusquer les mollusques et autres créatures.
Bibliographie :
- GODEFROIT (Pascal), VIGNAUD (Patrick), LIEGER (Abel), « Un teleosauridae (reptilia) du bathonien supérieur lorrain (France) », in Bulletin de la Société Belge de Géologie, T.104 (1-2), 1995, p.91-107.
- HACHET (Michel), « Paléontologie, Mise au jour des restes d'un crocodile fossile », in Études Touloises, Toul, 1977, n°7, article 5, p.35.
- HACHET (Michel), « Paléontologie, le "téléosaure" de Dommartin », in Études Touloises, Toul, 1997, n°83, article 5, p.36-38.
Voici un petit article de journal, tiré de l'édition touloise de l'Est Républicain et daté du mardi 16 mai 2006, qui avait annoncé la manifestation de la fin de semaine.
GATTAUX (Michel), « 180 millions d'années »
in Est Républicain, édition de Toul, mardi 16 mai 2006
Archive : Vincent Lamarque
Mardi 16 mai 2006.
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Voici une petite photographie du crâne du Steneosaurus megistorhynchus... Cette présentation, temporaire, n'est plus d'actualité puisque l'animal est à présent dans les réserves, en attente d'une présentation plus adaptée à la muséographie de l'établissement toulois.
Musée de Toul
Cliché : Vincent Lamarque
Jeudi 24 avril 2008
Texte de Vincent Lamarque.
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